La rentrée à BeauxBâtons

Lundi 1er Septembre.

Il était à peine six heures du matin, lorsque Marianne se réveilla. Elle quitta discrètement le lit conjugal pour laisser Matt dormir un peu plus longtemps. Elle referma la porte de leur chambre et se dirigea vers la salle de bain. Elle commença à faire couler de l'eau tandis qu'elle se déshabillait. Une douche lui ferait du bien. Il faut dire qu'elle avait eu du mal à bien dormir à cause de la nervosité des rentrées scolaires de Laury et Mary. Le temps allait lui sembler bien long sans ses filles. Elle s'était habitué à ne plus voir Laury de longs mois pendant qu'elle était à l'école de Sorcellerie de BeauxBâtons dans les Pyrénées Françaises. Après tout, sa fille entamait déjà sa quatrième année là-bas. Mais pour Mary, c'était une nouvelle étape de sa vie. 
Marianne resta de longues minutes sous l'eau chaude qui lui coulait dessus, quand elle entendit la porte de la salle de bain s'ouvrir. Une silhouette s'approcha du rideau de douche. Elle reconnu Matt tandis qu'il écartait le rideau pour la rejoindre ...

A sept heures, les réveils sonnèrent de concert dans les chambres de Laury et Mary. Laury se réveilla doucement, tandis que sa sœur l'était déjà depuis près d'une trentaine de minutes. L'excitation en était de toute évidence la cause.
Mary arriva donc la première dans la cuisine où elle y vit ses parents qui finissaient de préparer le petit déjeuner : un mélange des types anglais et français. Mary s'assit à côté de sa mère et attrapa une première tartine grillée à laquelle elle ajouta de la confiture d'abricot.
_ Voici venu le grand jour ma chéri, dit sa mère. Tu n'es pas trop nerveuse ?
_ Un peu, je dois le reconnaître. La nuit a été un peu chaotique à cause de l'excitation. Mais j'aurais le temps de me reposer pendant le voyage.
_ Tu penses que ton amie t'en laissera l'occasion ? plaisanta son père.
_ Voilà qui est une très bonne question, songea Mary.
Laury apparut alors à son tour dans le couloir menant dans leur pièce.
_ Et toi Laury ? demanda Marianne. Tu as bien dormi ?
Laury répondit que oui, tandis qu'elle prenait place à son tour à la table ...

Une demie heure plus tard, la table était débarrassée. Les filles étaient remontées entre temps pour se doucher à leur tour et finir de se préparer. Pendant ce temps, Matt avait téléphoné aux chauffeurs, ou plutôt aux deux frères pilotes qu'il avait embauchés pour amener ses filles aux lieux de départ vers leurs écoles respectives. Comme convenu, les filles seraient attendues au Glasgaw Prestwick Airport pour embarquer à bord des Socata TBM 700.

A 8h30, Les Cloud étaient arrivées à l'aéroport, et commençaient à décharger les voitures. Au même moment, les deux frères, deux anciens militaires, s'approchèrent de Matt, qui les salua chaleureusement. Mary se demanda alors comment tous les trois s'étaient rencontrés. Leurs gestes étaient trop fraternels pour que cela ne fussent qu'une simple relation employeur/employés. La petite famille s'étrenna un moment, tandis qu'elle réalisait qu'il faudrait attendre de longs mois avant d'être de nouveau réunie. Les frères leur rappelèrent que l'heure avançait, et qu'il ne fallait pas trop tarder s'ils voulaient respecter leur horaires.

Mary monta à bord d'un modèle de couleur blanche tandis que Laury disparaissait à l'intérieur du sien. Les pilotes montèrent à leurs tours et gagnèrent les cockpits. Les portes se refermèrent tandis que Matt et Marianne faisaient de grands signe d'au revoir. Les pilotes demandèrent à la tour de contrôle la permission de décoller.

Un quart d'heure plus tard, les deux avions disparaissaient dans le ciel ...

Il était près de 13H lorsque l'avion de Laury toucha le sol de l'aéroport de Perpignan. Le pilote stationna l'avion et aida la jeune fille à décharger ses bagages. Puis ils partirent tous les deux en direction de la cafétéria pour remplir leurs estomacs. 
Ils avaient du temps devant eux. Les élèves, du moins ceux qui n'étaient pas en première année, avaient toute l'après-midi pour rentrer à BeauxBâtons. Et l'école de sorcellerie n'était qu'à une quarantaine de kilomètres de Perpignan.

A la sortie de l'aéroport, le pilote se dirigea vers l'agence de location de voiture d'à côté, et retira la berline qui les attendait. Il suggéra alors à Laury d'aller faire un tour à la plage si elle le voulait. Laury répondit positivement, aussi la voiture mit le cap vers la plage de Saint Cyprien.

Laury était vraiment contente de retrouver le climat de la région. La différence de température était faramineuse, et le soleil bien plus présent lui valait un bien joli bronzage tandis que sa sœur restait très pâle. Elle ôta ses chaussures, et s'avança sur le sable pour aller mettre un peu les pieds dans l'eau

Elle profita un petit moment des vaguelettes tandis qu'elle longeait la plage. Le vent chaud lui fouettait doucement le visage, faisant alors virevolter ses cheveux. Puis elle revint vers le pilote lui proposant alors d'aller prendre une petite boisson rafraîchissante. Ce dernier accepta avec un grand plaisir, aussi, se dirigèrent-ils vers le café le plus proche.

Tous les deux s'assirent à une table, et un serveur s'approcha. Ils passèrent leur commande tandis que Laury se perdit dans ses pensées. Elle était impatiente de retrouver son amie Mathilde. Mathilde venait de la région bretonne, et était rentrée à BeauxBâtons la même année.

Elle sortit un peu brutalement de sa léthargie lorsqu'un grand coup de klaxon retentit au coin de la rue. Laury prit çà comme un signe, aussi elle se leva et demanda au chauffeur de l'amener à l'école. Tous les deux rejoignirent donc la berline et mirent le cap sur la gare routière d'où partaient les Bus Magiques pour BeauxBâtons.

Laury ne devait attendre qu'une dizaine de minutes avant le départ du prochain Bus Magique. Lorsque qu'elle y monta, il y avait déjà une dizaine de voyageurs à l'intérieur. Mais elle fut très surprise d'y trouver une jeune fille en fauteuil roulant. Était-il possible que BeauxBâtons accueille aussi des élèves handicapés ? A vrai dire, elle n'en avait jamais vu, et n'avait jamais entendu parler de telles situations. Laury choisit donc de s'installer pas très loin de la jeune fille, au cas où elle aurait besoin d'aide durant le trajet.

A sa grande surprise, la jeune fille ne semblait pas le moins du monde gênée. Les kilomètres défilaient rapidement, et une demi-heure plus tard, le Bus Magique se stationnait sur le parking du Fort de Bellegarde. Laury laissa les passagers descendre les uns après les autres de l'autobus. Au moment où elle s'apprêtait à aider la jeune fille, celle-ci lui fit un petit signe de la main, et un non d'un mouvement de la tête. "Merci dit-elle, ne t'en fais pas pour moi, je peux me débrouiller toute seule." Laury constata alors avec surprise que le fauteuil parvenait à bouger sans aide physique.

Le fauteuil parvint même à s'élever de quelques centimètres du sol, avant de s'avancer une nouvelle fois pour finalement se poser sur le bitume du parking. Laury avait cru sentir comme une brise au même moment. La jeune fille semblait déjà maîtriser des sorts d'air. Voilà qui est fort intéressant, pensa-t-elle, en descendant à son tour. Toutes les deux se dirigèrent vers les soutes du bus, pour y décharger leurs bagages.

Laury fut une fois de plus grandement étonnée, lorsqu'elle vit la facilité de la jeune fille à faire voltiger ses bagages jusqu'à un chariot garé à quelques mètres du bus.
_ Je suis vraiment épatée, lui dit-elle alors. Apparemment, tu es une nouvelle élève de BeauxBâtons, mais tu as déjà de sacrées prédispositions en magie de l'air.
_ Il le faut bien, si je ne veux pas être entièrement dépendante des autres, répondit la jeune élève. Je rentre effectivement en première année. Mon nom est Luciana de la Garde. Le fort de Bellegarde a été érigé par certains de mes ancêtres il y a près de trois siècles.
_ Enchantée de te rencontrer, Luciana. Mon nom est Laury Cloud, et j'entame ma quatrième année.

_ Tu as bien dit que le fort avait été construit par certains de tes ancêtres ? Si c'est le cas, je parie que tu le connais sous toutes ses lignes ; peut-être même les plus secrètes ... N'ai-je pas raison ?
Luciana regarda Laury quelques instants avant de répondre. Pouvait-elle tout dire à cette personne qu'elle avait rencontré il y a peine quelques minutes ? Elle réalisa qu'elle avait peut-être fait une gaffe par cette révélation.
_ On va dire que j'en sais déjà pas mal de choses, plaisanta-t-elle, tandis qu'elle commençait à faire avancer sa chaise.
_ Attend un peu, dit alors Laury. Je vais mettre mes bagages sur le chariot et je pousserai le tout.

Une fois le chariot prêt, Laury suivit au pas Luciana. Elles parvinrent à la première porte qu'elles franchirent, fermant le flux des élèves arrivés par le dernier Bus Magique. Elles passèrent la petite place, et s'engagèrent sur le pont au-dessus des anciennes douves. Elles arrivèrent enfin à la tour d'entrée, où les portes étaient ouvertes et l'immense herse de protection levée. "Bienvenue à BeauxBâtons, dit alors Laury. Où devrais-je plutôt dire, bon retour chez toi. On va tout de suite déposer tes affaires dans l'entrepôt mis à disposition provisoirement pour les nouveaux élèves. Je dépose ensuite les miennes dans mon dortoir, et je reviens."

Tandis que Laury était parti poser ses affaires, Olympe Maxime, la directrice de BeauxBâtons, apparut dans la cour, et s'approcha de Luciana. Elle était accompagnée d'une jeune fille qui était probablement une élève de l'école. Olympe, qui avait très probablement du sang de géant, s'agenouilla pour être à la hauteur de Luciana. Son air souvent trop sérieux s'apaisa lorsqu'elle pris Luciana dans ses bras et lui dit : "Soit la bienvenue à BeauxBâtons". Elle se releva, et tourna légèrement la tête vers l'élève qui l'accompagnait. "Voici Fleur Delacour. Elle est en quatrième année mais est surtout une de nos meilleurs élèves. Elle sera ta tutrice durant tes premiers temps parmi nous.