La rentrée à BeauxBâtons

Toutes les trois continuèrent de longer le couloir du rez-de-chaussée, quand elles parvinrent à un nouveau coude.
- Cette pointe en dessous de nous est consacrée à l'alchimie expliqua Laury. c'est pourquoi l'escalier que tu vois y amène donc à des laboratoires et salles de classes sur cette branche d'études.
- Dans cette zone du fort sont entreposés les stockages, ajouta Fleur. Tu y trouveras des minerais, des plantes, des graines ... et une multitudes d'outils pour leurs manipulations. C'est un de mes endroits préférés de BeauxBâtons. Il m'arrive couramment de venir aider des premières années lors de mon temps libre.
- Alors on s'y croisera sans doute, s'enthousiasma Luciana. Je suis certaine que les élèves doivent apprécier ta présence à leur côté ; en tout cas, c'est déjà le cas pour moi.
- Fleur a toujours été serviable, répondit Laury.
- Tout comme toi alors, rien d'étonnant que vous soyez de bonnes amies, constata Luciana.

Au bout de de la zone de stockage, le bâtiment bifurquait une nouvelle fois sur la gauche.
- Nous voilà à présent au niveau de la section Andlis consacrée aux sort l'élément terre, indiqua Laury. Pas mal d'élèves pensent que c'est la section où les sort sont plus difficiles à  maîtriser.
- Je fais partie de ces élèves, précisa Fleur. Mais elle n'en demeure pas moins une section très intéressante à étudier.
- Si tu as un peu observé et mémorisé l'agencement du château lors de ton arrivée, tu dois avoir déduit que c'est dans le prolongement de cette zone que se situe un autre bâtiment, plus au sud-est. Il s'agit des écuries du fort.
- Oui, je visualise un peu le lieu, dit Luciana.
- Nous allons sortir par la porte que tu vois sur ta droite un peu plus loin, montra Fleur. Je suis certaine que ce que tu vas y découvrir va t'émerveiller tout autant que moi la première fois que j'y suis allé.
- Tu aimes bien attiser la curiosité des gens, non ? gloussa Luciana.
- Tout à fait, répondit Fleur avec un grand sourire aux lèvres.
Puis toutes les trois prirent donc la direction des écuries.

Elles descendirent tout d'abord l'escalier qui menait vers les fosses du château, puis elle contournèrent l'aile de la maison Andlis. Au niveau de sa pointe, apparaissait une longue crête qu'elles longèrent. A leur droite, se dressait le terrain de Quidditch, dont il ne nécessita pas la présentation de ce sport que Luciana connaissait bien. Tout autour de l'école, se dressaient divers monts des Pyrénées. Le Perthus était la ville Moldue la plus proche, qui limitait la France avec l'Espagne, sa voisine.
Arrivées à l'entrée des écuries, les élèves franchirent ce qui pouvait bien être un champ magnétique. Laury et Fleur expliquèrent à Luciana que les box nécessitaient un abri spécifique pour leurs occupants. Pour cela, Olympe y avait donc érigé un dôme magique en guise de toit. Elles montèrent la rampe qui s'était dessinée sur leur droite et franchirent les murs qui délimitaient l'endroit.
En face d'elles se dressait une première ligne de box. Un large couloir la longeait tandis qu'apparaissait en face la seconde ligne. Un hennissement retentit à quelques pas d'elles. Une très belle jeune femme sortit alors d'une maisonnette, sans doute intriguée par le son de l'animal. Fleur lui fit alors un grand signe de la main.
- Bonjour Mégane, comment vas-tu aujourd'hui ?
La jeune femme était en faite une Vélane, une créature d'apparence humaine capable d'attirer les hommes par un puissant sortilège de beauté, tandis que si Mégane s'énervait, elle devenait une sorte d'horrible harpie. Mais visiblement, il n'y avait aucune raison de la craindre ici.
- Bien, merci Fleur ; et toi Laury ? Je vois que vous m'amenez ce qui serait bien une nouvelle élève, quel est ton nom, jeune fille ?
- Je m'appelle Luciana, je suis enchantée de connaître, Mégane.
La gardienne des animaux garda pour elle sa curiosité sur le handicap de Luciana. Un nouvel hennissement se fit alors entendre.
- Pégase doit avoir faim, dit-elle. Je vais aller voir çà tout de suite, vous voulez m'accompagner ?
- Pégase ? comme le cheval ailé de la mythologie ? demanda Luciana.
- En effet, répondit Fleur. Presque tous les noms de nos animaux portent un nom lié à la mythologie. Un hommage à Olympe, qui est particulièrement appréciée par les élèves et les professeurs.
Tandis que toutes les quatre s'avançaient vers le cheval, un énorme courant d'air les poussa sur le côté.
- Mais tu n'en as pas fini avec tes farces, Tornade ? rouspéta Mégane.
Le vent s'arrêta aussitôt, et Laury rigola.
- Vient, dit-elle à Luciana, je vais te présenter à Tornade.
La nouvelle élève fut très surprise lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec un élémentaire. La créature se dessinait par un vent tourbillonnant, dont les couleurs variaient en fonction de la vitesse de l'air. Mais un nouveau hennissement la fit tout de suite se retourner en arrière. Et ce qu'elle vit alors l'émerveilla. Un magnifique cheval blanc la regardait, agitant légèrement ses majestueuses ailes ...

- Vous avez un cheval ailé ! s'émerveilla Luciana.
- En fait nous en avons plusieurs, précisa Fleur. Pégase n'est pas sortie avec ses congénères car elle devrait mettre bas d'ici quelques jours.
- Effectivement le ventre de la jument était bien gonflé. Fleur s'était rapprochée d'elle et lui caressait le museau.
- Elle est parmi nos meilleurs destriers, pleine de fougue. Aussi, il est difficile pour elle de rester dans le petit enclos.
- Je peux la toucher ? demanda Luciana.
- Bien sûr, répondit Laury. Ecarte-toi un peu, Fleur. Luciana va utiliser un sort d'air pour se lever ...
Luciana se concentra quelques secondes avant de lancer le sort. Il devait être juste assez puissant pour qu'elle se lève, mais assez doux pour ne pas effrayer la magnifique jument. Avec satisfaction, elle y parvint du premier coup. A son contact, la jument se calma et ferma les yeux. Luciana faillit sursauter quand elle ressentit comme une onde magnétique émaner de l'animale. Elle ne remarqua pas qu'elle avait alors posée ses jambes sur le sol, tandis que son sort d'air avait disparu.

De part son expérience plus avancée, Fleur ne manqua pas de s'apercevoir de la particularité. Toutefois, elle n'en souffla mot.
Au bout d'une dizaine de secondes, Luciana sortit de l'espèce de transe dans laquelle l'avait plongée le contact avec la jument. Elle cligna quelques fois des yeux, comme pour s'assurer de là où elle était. Elle sentit comme un mini tourbillon, invisible, qui l'entourait. Les contacts récents avec Tornade et Pégase avaient perturbés ses sens, il n'y avait aucun doute possible. Mais elle ressentait au fond d'elle, sans savoir pourquoi ni comment, que cela n'en serait que bénéfique pour la suite ...

Fleur et Laury aidèrent Luciana à regagner son siège. Comme beaucoup de gens en fauteuil roulant, Luciana n'était pas partisane à se faire aider à tout bout de champ, mais elle avait bien conscience que Laury et Fleur deviendraient très probablement ses meilleures amies à BeauxBâtons. Peut-être même Mégane par la suite, s'il lui serait possible de revenir souvent à l'écurie.
La rencontre avec Pégase avait vidé l'énergie de Luciana. Aussi demanda-t-elle s'il était possible de retourner vers le fort. Bien sûr, les filles n'émirent aucune objection à sa requête. Elles prirent donc congé auprès de Mégane  et s'en retournèrent vers la maison Andlis.

Tandis qu'elles revenaient vers le château, Fleur demanda à Luciana si elle voulait profiter du paysage des magnifiques jardins royaux. Pour sa part, c'était très souvent qu'elle s'arrêtait sur ce rempart. Ce qu'elle préférait avant tout, c'était la vue sur une grande partie du parc. N'ayant obtenu de réponse, Laury se rapprocha de sa nouvelle amie pour constater qu'elle s'était assoupie.
On devrait peut-être l'amener à l'infirmerie, songea Fleur ...

Fleur et Laury mirent donc le cap vers l'infirmerie. Elles furent bien heureuses de pouvoir s'aider à leur tour de quelques sorts d'air pour les aider à remonter la pente vers les murs du château.
Elles frappèrent à la porte, et Mme Szymanski la leur ouvrit, toujours souriante comme à son habitude. Fleur et Laury lui expliquèrent le déroulement du dernier quart d'heure, qui ne manqua pas d'intriguer l'infirmière. Luciana fut emmenée dans une petite chambre isolée pour y être allongée sur le lit. Le petit gémissement qu'elle poussa lors de la sortie de son fauteuil sembla rassurer Mme Szymanski, qui invita Fleur et Laury à prendre congé une fois leur amie bien au chaud sous les draps.

Luciana ne se réveilla d'elle même qu'en fin de journée. L'infirmière l'avait veillée, bien qu'elle était sereine quant à l'état de la jeune fille. Toutefois, intriguée par la cause exacte de ce qui avait pu vider l'énergie de la nouvelle élève, aussi vite et fort, elle avait attrapé quelques livres qu'elle parcourait en quête de réponse, ou tout du moins d'indices, depuis plusieurs heures.

Luciana ne réalisa pas tout de suite où elle se trouvait. Il lui fallut de longues secondes à ses yeux pour se souvenir de sa rentrée à BeauxBâtons, qu'elle avait commencé à visiter avec sa nouvelle amie. Quel était son nom déjà ? Là encore, il lui fallut plusieurs secondes pour s'en souvenir. Ce fut l'infirmière qui lui souffla la réponse lorsqu'elle lui dit que Laury et Fleur l'avait amenée ici, suite à son endormissement.

Luciana se redressa péniblement, essayant de s'asseoir. Mme Szymanski s'approcha d'elle, et la saisit doucement sous le bras. Elle prit ensuite un tensiomètre, qu'elle enroula autour du poignet de Luciana. Le résultat n'indiqua rien d'anormal.
- Bien reposée, demanda Laury ? qui entrait dans la pièce.
- Combien de temps ai-je dormi, demanda Luciana.
- Il est bientôt 18 heures, répondit l'infirmière ; donc pas loin de deux heures. Peut-être est-ce le voyage qui en est la cause.
Luciana fit signe vers son fauteuil, que Laury lui apporta immédiatement. Une fois assise dedans, Luciana remercia l'infirmière et son amie de l'avoir veillée.

- C'est bientôt l'heure de la cérémonie de rentrée, dit Laury. J'avais peur que tu ne puisses pas y assister, et cela aurait été fort dommage. L'avantage, c'est qu'il nous suffit de sortir, puisqu'elle se tient dans la cour du fort.
En effet, aussitôt dehors, Luciana pu voir la foule d'élève qui attendait. Les tenues étaient déjà portées par les anciens. Seuls les nouveaux élèves étaient encore dans leur vêtements traditionnels. Laury aperçut alors Fleur qui s'approcha tout de suite d'elle et Luciana. Elle semblait contente de voir cette dernière réveillée. Fleur chuchota à Laury qu'elle avait encore le temps d'aller chercher sa tenue pour se changer.
C'est en entendant ces derniers mots, que Luciana réalisa la beauté de la robe de sorcier que portait Fleur. Voyant l'attention portée par Luciana, Fleur lui expliqua alors la particularité de BeauxBâtons vis-à-vis des tenues.
- Ici nos robes de sorciers s'accordent avec nos études réalisées. C'est un hommage choisit pour l'histoire de ce fort autrefois utilisé par les Moldus. Les robes sont ornées de motifs, tels des médailles militaires. La couleur de la robe que vont recevoir les nouveaux élèves, et donc toi aussi bien sûr, sera noire. A chaque année que tu feras dans une maison élémentaire, la couleur changera : Bleue pour l'eau, Marron pour la Terre, Orange pour le Feu, Blanc pour l'Air. Les éléments que tu auras étudiés auparavant apparaîtront en forme de Bâtons de sorcier un peu dessus du sein gauche. Lors de ta cinquième années, ta robe prendra une couleur dominante en fonction de l'élément que tu voudras approfondir. Quant à ta dernière année, celle de spécialisation, tu pourras entièrement personnaliser ta robe.

La directrice de l'établissement arriva au même moment. A l'aide d'un sort amplificateur de voix, elle s'adressa aux élèves :
"La cérémonie de rentrée commencera dans un quart d'heure, BeauxBâtons compte sur ses élèves pour que la fête soit une réussite, comme chaque année !"
Plusieurs exclamations retentirent alors, majoritairement criées par des aînés. L'excitation de Luciana grandissait au fil des minutes. Fleur la guida vers l'endroit où devraient se tenir les nouveaux élèves, puis elle gagna le lieu où seraient les élèves de son rang.

Laury revint juste à temps. Les nouveaux élèves avaient été regroupés au milieu de la cour. A chaque coin de celle-ci, les élèves respectifs des maisons se dressaient fièrement devant celle qui les avait accueillis l'année précédente, prêt à intégrer la nouvelle. Les changements de maisons se faisaient dans une rotation Feu-Terre-Air-Eau. Laury et Fleur avaient étudié (après leur année d'initiation) en premier la Terre. L'année suivante fut donc l'Air. Par conséquent l'Eau serait leur nouvel apprentissage.
Un dernier rappel fut annoncé, invitant les quelques retardataire à prendre leur place.

Olympe monta sur l'estrade spécialement dressée pour l'événement. Elle attendit quelques secondes que le silence fusse total. Puis elle prit la parole :

"BeauxBâtons est ravie, cette-fois encore, de retrouver ses élèves pour cette nouvelle année qui va commencer. L'école est également fière d'accueillir de nouveaux apprentis-sorciers, témoins de la qualité de nos enseignements qui perdurent depuis tant d'années."
De grands applaudissement se firent entendre, et le silence revint.
"Nous allons tout d'abord effectuer les rotations scolaires". 
Chaque responsable de Maison Élémentaire accompagna ses élèves à la maison qu'ils intégreraient d'ici peu de temps. A mi-chemin du trajet entre la maison Circius et Ivavos, les robes de Fleur, Laury et son amie Mathilde passèrent du blanc au bleu. Au même instant, y apparaissait l'emblème supplémentaire de leur dernier élément étudié. Lorsque les élèves se stoppèrent à l'avant de leur nouvelle maison, de nouveau applaudissement retentirent, sous l'apparition d'élémentaires venus les accueillir. Luciana cru y reconnaître Tornade.
Le silence revenu, Olympe reprit la parole :
"A ses nouveaux élèves, BeauxBâtons est fière d'offrir leur robe de sorcier. (Des anciens s'avancèrent alors vers Luciana et ses amies). Le noir sera votre couleur d'initiation. Ces robes seront témoins de vos valeurs, portez-les fièrement !"
De nouveaux applaudissement retentirent, tandis qu'Olympe invitaient les nouveaux apprentis à revêtir leur robes. Luciana qui avait grandement intrigué ses voisins de cérémonie, les surpris fortement lorsqu'elle s'habilla aussi vite qu'eux.

Plusieurs élèves commencèrent à chanter à l'unissons pour finalement être rejoins progressivement par les autres. La chorale qui en naquit était envoûtante, et fit frissonner Luciana d'émotions. Lorsque celle-ci fut finie, Olympe prit une dernière fois la parole, invitant les élèves à rentrer dans la salle des fêtes où les attendaient un festin digne de l'événement.